lundi 23 juillet 2018

Québec 1 : La côte nord du Saint-Laurent

Bonjour à chacune et à chacun !

Nous revoilà avec de nouvelles aventures que je vais partager en plusieurs articles pour que ce soit un peu moins long... Quoique…
Notre voyage Reykjavik-Halifax s'est déroulé sans problème, on a même survolé le Groënland par très beau temps et nous voulions partager avec vous ce que l'on a vu! C'était pour nous incroyable de voir toute cette étendue blanche!



L'arrivée au Canada a été pour moi un vrai soulagement! Enfin retrouver les arbres, la verdure, et surtout les lacs à chaque coin de rue! Que c'est bon!
Les rues larges, l'absence de clôtures autour des maisons ce qui donne l'impression que chaque habitation se fond dans le paysage! Wha! ça fait du bien!!

En attendant Léon nous avons visité un peu la nouvelle Ecosse et découvert un très beau lieu: le parc national de kemjikujik, lieu où les indiens Mi'kmaq avaient leur quartier d'hiver, forêt préservée où coule une belle rivière bordée d'herbes hautes: un véritable enchantement!





Puis nous avons récupéré Léon le 21 juin sur le port d’Halifax sans encombre particulier (tient ? le bizutage est fini ?).




Les courses faites nous filons vers l’Ouest puis bifurquons vers le nord, direction la Gaspésie.
Nous commençons aussi à prendre la mesure des distances et la route jusque là va être bien plus longue que je me l'imaginais!

Toutes nos affaires étant totalement en vrac dans Léon (cf 1er épisode), nous prenons l’option d’une 1ère nuit dans un camping pour nous poser tranquillement et tout ranger.
Nous sommes proches du parc national de Kouchibouguac dans le Nouveau Brunswick, au nord de la chaîne de montagne des Appalaches dans l'idée de nous y promener le lendemain avant de reprendre la route . 
Nous nous arrêtons dans le 1er  camping que nous trouvons et nous demandons une place calme et bien large. La personne nous en propose une dans les bois : parfait ! C’est assez loin des autres emplacements, on pourra s’étaler tant qu’on veut : impeccable !!…
Jusqu’au moment où nous nous sommes garés…
Nous n’avions pas encore ouvert la porte de la voiture, qu’ils étaient déjà des dizaines à taper contre la vitre et sur le pare-brise… eux : c’est ça !!!

les MARINGOUINS !

On a couru jusque dans la cellule pour trouver le répulsif anti-moustique mais rien que ce petit trajet nous a déjà valu quelques piqûres, puis rapidement nous nous sommes rendu compte que le répulsif n’était vraiment pas suffisant et nous nous sommes donc transformés en warrior… :





Malgré cela sortir nos affaires, les ranger, était une véritable gageure et au bout d’une ½ heure nous avions rendus les armes et nous étions réfugiés dans la cellule, à faire la chasse à tous les moustiques qui avaient réussi à rentrer malgré les moustiquaires, et à gratter nos très nombreuses piqûres ! … Welcome to Canada !

Maringouin 60 (piqûres)- Anne Claire et Ignaqui (à eux deux) 10 moustiques écrasés…

Le lendemain matin, malgré tous nos espoirs (normalement, c'est bien le soir qu’ils sont sensés être le plus actif les maringouins?!?) ce n’était pas mieux et nous avons donc dû battre en retraite, évacuer la place pour se poser en zone découverte et en plein soleil au milieu du camping pour enfin finir de ranger nos affaires !
And the winner is ????..... Maringouin !!!
(hé, hé, hé mais on n’a pas dit notre dernier mot (cf le Canada en pratique)….)

Autant qu'après tout ça nous avons fuit le plus vite possible et nous avons remis la visite du parc national à une autre fois... peut être... ou alors en hiver....

Après le Nouveau Brunswick, nous sommes arrivés dans la province de Québec où pour la 1ère fois les personnes nous ont parlé en français spontanément, avec leur super accent!! Cool! Là encore, ça fait du bien !!!
Puis nous avons finalement longé la partie sud de la Gaspésie pour nous rendre jusqu’à la bonne ville de Trois-Pistole.

Là, il y a eu comme un bug de la matrice, une sorte de saut quantique…
Nous sommes tombés sur ça:

Puis sur ça:...



Puis sur ça, ça, ça…



Et enfin sur ça…
 le fronton de pelote basque!


Rhaaaaa, on est revenu à la maison !!! Mais on vient à peine de partir !!!! C’est quoi ce bazard ?!!!

Le fond de l’affaire est que les pêcheurs basques étaient nombreux à venir jusqu'à terre neuve mais aussi ici dans l'estuaire du Saint Laurent, sanctuaire protecteur des baleines, pour faire la chasse à la baleine et en récupérer la précieuse huile. Tout au long de la cote nord nous seront amenés à voir des traces du passage des baleiniers basques.

Heureusement, entendre le bon accent québécois des gens nous a bien rassurés et c’est le cœur joyeux que nous avons pris le « traversier » qui nous a permis de parcourir les 63 km de large du Saint Laurent à cet endroit pour nous amener jusqu'au Escoumins ! 1h30 de traversée pour nous permettant de rencontrer Nicolas, grand reporter et toute son équipe avec qui nous avons bien rigolé, ainsi que Eric et Loren (j’espère ne pas écorcher les prénoms ?), deux français travaillant à Montréal et partis 15 jours faire les rives de la Gaspésie à vélo.
Manifestement il existe beaucoup de pistes cyclables le long du St Laurent, de quoi se faire bien bien plaisir !
Par ailleurs, ils nous informent que les québécois ne tarissent pas d'éloge sur la ville de Sept-îles située très au nord et sur les excursions en bateau qui y sont proposées et nous décidons donc d'y aller! C'était pas prévu au programme mais soyons fous!

Par ailleurs, Eric nous parle de l'énorme barrage de Manic 5, qui permet l'autonomie en électricité du Québec et surtout qui a été entièrement conçu et construit par les québécois eux même, sans intervention des anglo-saxon: une vraie fierté "nationale" dont on parle ici avec la main sur le cœur! 
Nous allons passer "juste à côté" mais j'avoue que les 250 km (aller) de route de montagne de détour ont eu raison de notre curiosité... ce sera pour une prochaine fois!

Pendant la traversée, il nous a été possible de voir au loin (à la jumelle) des bélugas, sorte de cétacés blancs entre la baleine et le dauphin, et en arrivant aux Escoumins un petit rorqual (petite baleine de pas loin de 10 tonnes quand même) a montré le bout de son...dos!

Nous traçons donc vers le nord, traversant un paysage de forêt entrecoupés de très nombreuses rivières qui sont pour moi à chaque fois une surprise! lits toujours différents, parfois calme et serpentant au milieu de bancs de sable, parfois grondant en de multiples cascades, parfois filant entre 2 falaises, parfois simple petit ru gazouillant sur du granit rose poli par de lointains glaciers...
au niveau de la Pointe-aux-Anglais

On the road... quelque part avec le St Laurent dans le fond

La forêt devient petit à petit forêt boréale, riche exclusivement ou presque de conifères parfois décharnés, au sol recouverts de petits cornouillers de quelques centimètres de haut.

Cornouiller boréal

Cypripède Acaule (presque aussi grosse que ma main!)

La côte aussi varie de grandes plages de sables de plusieurs km, à des falaises, ou de la côte rocheuse de granit rose (tient, tient... après les basques, les bretons?)

Plage aux Escoumins

Granit rose, Pointe-aux-Anglais

Nous arrivons (enfin!) à Sept-Îles le temps de profiter d'un magnifique coucher de soleil



Puis après avoir discuté avec une québécoise nous informant que "Sept-Îles ? mais ça n'est que le début, c'est encore mieux après!!!,", nous reprenons la route direction Longue-Pointe-de-Mingan.
Là encore le paysage se transforme peu à peu et nous voyons apparaître des espaces de plus en plus important de toundra, sorte de grande tourbière au sein de laquelle pousse la mythique Chicoutais: sorte de petite mûre, poussant à raz du sol et de couleur orange lorsqu'elle est mûre. Elle est d'ailleurs bien savoureuse et très riche en vitamine C! (la photo n'est pas de moi, c'était pas la saison quand on y était!)
Chicoutai ou plaquebière 

A Longue-Pointe-de-Mingan, nous arrivons juste à temps pour faire une croisière en bateau à moteur pour voir les îles aux alentours ! une vraie bénédiction np!!
L'île aux Perroquets, appelée comme ça car il y a des dizaines et des dizaines de macareux qui y nichent et que l'ont peu approcher de tout près, et les québécois les appellent les perroquets de mer!
Macareux ou Perroquets de mer

Pingouins et macareux

le Phare de l'île aux perroquets

La mer est d'huile, nous voyons des phoques et surtout des lions de mer pointer le bout de leur nez, le temps de se diriger vers l'île nue, où là encore, restent visibles des traces du passage des baleiniers basques et de l'endroit où ils récupéraient l'huile de baleine.
Nous nous accostons sur l"île nue pour y voir de grands monolithes façonnés par le vent et les courants marins.
reflets du ciel sur la mer d'huile

Quelques monolithes de l'île nue

je discute avec notre guide quand nous entendons un grand plouf et le cri de toutes les personnes patientant sur le bord de l'eau: une baleine vient de faire un saut juste devant le bord! Nous nous précipitons avec le guide, juste le temps de voir sortir la tête d'un petit rorqual, qui nous fait quasiment un saut, là à un mètre du bord, on a pu voir son ventre tout rose !!! j'en suis encore bouche bée et l'appareil à la main qu'il est déjà reparti bien loin dans les profondeurs! J'étais totalement abasourdie! Pour pas vous laisser sur votre fin, j'ai pris une photo sur internet! on a vu exactement ça!
Tête de "petit" rorqual

s'en est suivi de multiples apparitions mais plus habituelles, c'est à dire que nous n'en voyions que le dos et l'aileron dorsal des rorquals.
Pour en avoir une petite idée voici le petit film fait par Ignace:


Nous sommes rentrés de cette sortie frigorifiés mais émerveillés: on en redemande!

l'est pas beau mon mari ?

Le lendemain  nous avons pris le chemin du retour, tranquillement. Nous avons entre autre découvert le parc nature de Pointe-aux-Outardes et ses 9 écosystèmes différents, des forêts boréales aux forêts de pins en passant par les marais salés, les dunes de sables, et autres tourbières.

Marais salé où viennent nicher les outardes (oies sauvages et migratrices appelées aussi bernache du Canada )

Dunes de l'embouchure de la rivière-aux-outardes
Et nous avons découvert toute sorte de villages de pêcheurs, plus ou moins grands, de stations balnéaires, de phares, etc...

Phare de la Pointe-des-Monts

Puis nous sommes arrivés aux Bergeronnes, tout près de Tadoussac (the place to be pour voir les baleines), où nous avons dormis dans LE camping "où il est possible d'être réveillé par le souffle des baleines venant sur le bord"... quand on a une place au bord de l'eau!
Nous avons guetté, regardé, attendu, dans le vent, puis rapidement le froid, mais rien... rien de rien... sniff... aucune baleine à l'horizon. 

Mais comme nous avions plus d'une corde à notre arc nous avions réservé une sortie en Zodiac pour aller une nouvelle fois à la rencontre de ces cétacés!

Nous sommes partis avec Essipit, un organisme d'origine autochtone, qui suit une charte de qualité concernant l'approche et le respect des animaux (distance d'approche, vitesse d'approche, etc...).
ça a commencé assez mal car à peine sortis du port nous arrivons dans une brume épaisse sur le Saint-Laurent, ambiance surréaliste, alimentée par le son des cornes de brume des paquebots passant au large... pas gagné pour les baleines...
Nous évoluions tous un peu tendus et déçus quand tout à coup, dans une trouée de brume, un petit rorqual nous a fait un super show: 3 à 4 sauts complets en suivant! c'était magique!
Même le capitaine n'en revenait pas! les voir sauter c'est déjà rare mais plusieurs fois en suivant il avait très peu vu! (là encore pour les photos, on m'avait déconseillé de prendre l'appareil car il risquait de prendre l'eau... nous avions bien la Gopro mais c'est un super grand angle et on ne voit sur le film qu'une petite crotte de souris qui sors de l'eau et y retourne!! Il va donc falloir laisser aller votre imagination!)

Après l'observation de petits marsouins, un autre petit rorqual nous a fait de nouveau un super show! pas loin de 6 sauts en suivant! énorme!!! nous étions aux anges!!!! Le capitaine du bateau ne comprenait toujours pas! D'habitude, c'est quand la mer est mauvaise que les baleines font ce genre de saut, mais là, dans la brume, la mer était d'huile... c'était incroyable! ce petit bout de film pris sur youtube vous en donne une idée.
Nous voyions le rorqual s'éloigner et reprenions notre route vers le port quand tout d'un coup, le rorqual est ressorti juste sous l'avant du bateau, sans le soulever (et heureusement, nous aurions été tous à l'eau !!), il a fait un grand souffle et a replongé! j'ai pas eut le temps de dire ouf! seule l'odeur pestilentielle de son haleine (version poisson pourri...) me permettait de comprendre ce qui venait de se passer! là encore j'en suis restée bouche bée !!!!

Nous sommes rentrés au port dans une brume épaisse, encore tout abasourdis de ce que nous venions de voir... Merci encore capitaine Hugues! et une grand MERCI les rorquals de vous être montrés ainsi à nous!!!
Brume sur le Saint Laurent: on dirait un bateau fantôme!!

Après cette très belle sortie, nous nous sommes restaurés dans une super boulangerie, là, juste sur la route qui mène au quai des Bergeronnes: "la petite cochonne" ça s'appelle, car quand quelque chose est vraiment très bon les québécois disent que "c'est cochon" ! On y a trouvé entre autre du Kouign Aman!! quand je vous disais que la Bretagne était pas très loin!!!!

juste pour vous donner une idée de l'état d'esprit! ;-)

j'y ai trouvé ça aussi, ça m'a beaucoup plus! (dédicace spéciale pour Corinne! ;-))

Petite ballade dans la baie de Tadoussac, visite du centre d'interprétation des mammifères marins qui suit la présence des baleines au jour le jour et sert de support pour les chercheurs océanographes qui étudient les cétacés du Saint-Laurent. J'y ai appris entre autre que les baleines bleues n'étaient pas encore arrivées jusqu'à Tadoussac (c'est pour ça qu'on a vu que des petits rorquals).

J'ai aussi appris la grande difficulté qui touchait les cétacés et en particulier les bélugas dans le Saint Laurent: les cétacés peuvent entendre une gamme de fréquences de sons très très importante (10 fois supérieure à la notre) et ont un langage très développé. 
C'est ce langage qui permet entre-autre aux mères et leurs petits de se retrouver lorsque les eaux sont noires ou troubles. Or, le passage des paquebots et autres bateaux à moteur crée une pollution sonore très importante qui les empêche de communiquer et aux petits de retrouver leur mère! Ainsi ces dernières années, le nombre de petits bélugas échoués sur les plages a été multiplié par 4, ce qui fait vraiment craindre pour la survie de l'espèce!
Pour limiter cela, une zone entière de la rivière Saguenay (qui vient se jeter dans le Saint Laurent et qui crée un fjord abritant un grand nombre de cétacés) est interdite à toute navigation, y compris en kayak pour essayer de créer un lieu de sécurité où les petits pourront grandir en toute sécurité!
Cela fait prendre conscience de l'extrême fragilité et de la vulnérabilité de ces géants des mers!

Baie de Tadoussac

Après Tadoussac nous avons pris le traversier pour traverser le fjord du Saguenay jusqu'à la baie Sainte Catherine et nous avons quitté ainsi la côte nord du Saint-Laurent!

Merci à toutes les personnes que nous avons rencontrées pour leur gentillesse et leur accueil ainsi que leur précieux conseils!

à tout prochainement pour la suite des aventures!!